Loyer en Provence : où se loger sans exploser son budget ?

27 octobre 2025

Provence : le choc des loyers entre rêve et réalité

Quand on pense à la Provence, on imagine assez facilement les oliviers, les places animées, le chant des cigales – mais plus guère les loyers abordables. Pourtant, le marché locatif de Provence est tout sauf monotone. Villes touristiques inaccessibles et communes de l’arrière-pays encore (relativement) épargnées, le fossé est réel. Les prix flambent sur le littoral, mais il reste possibles de trouver, en Provence, des villes où la location est encore accessible. Panorama complet, chiffres à l’appui.

Panorama express du marché locatif provençal

La Provence, ce n’est pas qu’Avignon, Aix ou Marseille. En 2023, la Région Sud (PACA) affiche la plus forte tension locative de France derrière l’Île-de-France, selon l’Observatoire Clameur et la FNAIM : près de 7 demandes pour une offre. Dans ce contexte, le loyer médian en PACA dépasse 13 €/m², contre 11,3 €/m² en province (source : SeLoger, chiffres 2023). Marseille est la grande exception – ville de plus de 800 000 habitants où le loyer moyen est inférieur à la plupart des métropoles françaises, mais avec des écarts puissants selon les quartiers et un parc locatif très disparate.

Le classement 2024 des loyers moyens au m² en Provence (ville de plus de 10 000 habitants)

Ville Loyer moyen (€/m²) Taille moyenne recherchée (m²)
Marseille 13 54
Avignon 12,5 49
Toulon 12,2 51
Salon-de-Provence 11,8 52
Arles 11,7 50
Martigues 12,3 53
Manosque 10,8 48
Carpentras 11,2 50
Draguignan 11,5 47
Aix-en-Provence 15,2 43
La Seyne-sur-Mer 11,9 50

(Sources : SeLoger, Notaires de France, observatoires locaux de l'habitat – chiffres début 2024)

Les 5 villes où louer reste accessible – et ce qu’il faut savoir

Il n’y a pas de miracle : les loyers sont généralement plus abordables à l’écart du littoral et des grandes agglomérations. Voici cinq communes à surveiller, pour leur équilibre entre tarifs, accessibilité et cadre de vie.

1. Manosque : l’atout de la Haute-Provence

  • Loyer moyen au m² : 10,8 €
  • Population : 22 700 habitants
  • Distance d’Aix/Marseille : 1h/1h30 env. (en voiture)
  • Atouts : Ville porte d’entrée du Lubéron, cadre de vie provençal authentique, marché locatif assez détendu (vacance locative autour de 7 %, source Insee).

Manosque reste l’une des dernières villes de taille décente en Provence où l’on peut trouver un T2 à moins de 550 €. On y observe toutefois une hausse de 4 % en 1 an. Les jeunes actifs attirés par Iter, ou ceux cherchant à s’installer hors de l’axe Marseille-Aix, y trouvent un compromis rare. Attention aussi à l’offre de logements anciens, pas toujours rénovés.

2. Carpentras : la Provence côté terre

  • Loyer moyen au m² : 11,2 €
  • Population : 29 000 habitants
  • Distance d’Avignon : 25 min
  • Atouts : Centre historique vivant, forte offre de services, connexion rapide vers le Vaucluse et le Comtat.

Ici, il est encore possible de dénicher un T3 à 750 € mensuels – là où Avignon grimpe au-delà des 800 € pour la même surface. Carpentras tire son avantage de la stabilité de son marché et d’un fort ancrage local. En revanche, la demande progresse, attestée par un taux de mobilité résidentielle en hausse de 12 % en 2023 (Fnaim)

3. Draguignan : aux portes du Var rural

  • Loyer moyen au m² : 11,5 €
  • Population : 40 000 habitants
  • Accès : A 40 min de Fréjus, en lisière de l’arrière-pays varois
  • Particularité : Offre locative plus diversifiée que sur la côte, marché moins tendu que sur la bande littorale.

Draguignan bénéficie d’une hausse du parc locatif ces dernières années, dû au développement de nouveaux quartiers et à la mutation de logements militaires en habitations classiques (INSEE, rapport municipal 2023). On loue ici un studio entre 400 et 500 €, nettement plus bas que sur la côte.

4. Arles : l’option camarguaise encore accessible

  • Loyer moyen au m² : 11,7 €
  • Population : 51 000 habitants
  • Proximité : Entre Nîmes, Salon et la Méditerranée
  • Évolution : Relativement stable malgré l’attractivité touristique grandissante

Arles propose encore du locatif abordable – même si la pression augmente avec l’afflux d’investisseurs et le phénomène Airbnb, qui retire des logements du parc à l’année (voir étude Le Monde, septembre 2023). La majorité des locations restent néanmoins accessibles, avec des T2 sous les 600 € dans les quartiers hors centre historique. Prudence toutefois côté saisonnalité.

5. Salon-de-Provence : équilibre entre accessibilité et centralité

  • Loyer moyen au m² : 11,8 €
  • Population : 47 000 habitants
  • Proximité : Entre Avignon, Aix et Marseille (30 min à 45 min de chaque)
  • Tendance : Marché actif, mais offre locative plutôt stable.

Salon-de-Provence attire toujours pour sa centrale géographique, ses prix encore raisonnables et ses dessertes ferroviaires. La ville conçu comme hub pour étudiants et familles et offre une alternative à Aix et Marseille, où la flambée des loyers devient problématique. Les prix restent cependant dynamiques (+5 % sur un an, chiffres Fnaim 2024).

Les villes qui s’envolent (et pourquoi elles le font)

  • Aix-en-Provence : Loyer moyen de 15,2 €/m², un des plus élevés de France hors Paris. Marché saturé par les étudiants et le tourisme, tension locative extrême (plus de 10 demandes pour une offre, source : Fnaim 2024).
  • Avignon intra-muros : Vieux centre, loyers très élevés par rapport à la périphérie – effet festival et tourisme toute l’année, villas en location combattues par le manque de logements étudiants.
  • Marseille : Cas particulier : forte disparité entre le Nord et le Sud, de 8 à 17 €/m² selon les quartiers. Le centre se densifie, certaines zones restent abordables, mais l’afflux de Parisiens accélère la flambée sur les quartiers prisés du bord de mer (La Plaine, Endoume, etc.).

On notera aussi la flambée constatée à Toulon (+7 % en 18 mois), Martigues et dans certains villages du Lubéron, où le marché saisonnier tire les loyers vers le haut, parfois au détriment des habitants permanents.

Ce qui pèse sur les prix des locations en Provence

  • Pression touristique : Les plateformes comme Airbnb continuent de réduire l’offre en location longue durée, surtout dans les zones attractives (rapport Observatoire Conseil Régional PACA, 2023).
  • Attractivité métropolitaine : Marseille, Aix ou Avignon captent un exode de Parisiens/expatriés depuis la pandémie. Cette “fuite vers le Sud” accentue la tension et accélère les prix.
  • Médiocrité de l’offre neuve : Peu de programmes neufs bon marché hors périphérie, et rénovation énergétique poussive du parc existant plombent certaines villes moyennes.
  • Déséquilibre économique : Le revenu médian reste inférieur au niveau national dans de nombreuses communes, forçant parfois les habitants à se replier vers des localités modestes.

S’installer en Provence à petit prix : astuces et réalités

  1. S’éloigner de la côte : Plus on entre dans l’arrière-pays, plus le budget locatif baisse (jusqu’à 20 % pour certains villages à équidistance entre Marseille et Salon, selon PAP.fr).
  2. Cibler villes moyennes et villages : Les bourgs comme Apt (10,9 €/m²), Pertuis (11,2 €/m²) ou Digne-les-Bains (9,8 €/m²) peuvent encore réserver de bonnes surprises.
  3. Opter pour un logement ancien : Le neuf ou le rénové explose le budget, mais les maisons de ville ou appartements des années 70/80 restent très présents et abordables.
  4. Anticiper la mobilité : Les villes moins chères offrent parfois moins d’emplois ou de transports. Il faut donc anticiper les frais de déplacement (pour rejoindre Aix, Marseille ou la côte, comptez de 60 à 90 minutes selon les axes).

Perspectives 2024 : les loyers vont-ils rester abordables dans certaines villes ?

Les experts immobiliers (Fnaim, Clameur, Insee) anticipent encore une forte tension locative sur l’axe Marseille-Aix-Avignon au cours des prochains mois, mais la périphérie devrait rester respirable, sauf accélération du phénomène de report de population. Les villes moyennes garderont leur attractivité relative, même si les hausses se poursuivent.

Pour les futurs locataires, le mot d’ordre reste donc : anticipation, mobilité, et priorité aux communes actives qui continuent d’afficher un loyer sous la barre symbolique des 12 €/m². Le marché évolue, mais il existe encore, en Provence, des bastions où se loger reste accessible – à condition de s’éloigner du littoral et de viser pragmatique plutôt qu’idéalisme carte postale.

Pour aller plus loin et mieux comparer les loyers actualisés commune par commune, plusieurs observatoires locaux de l’habitat mettent à disposition des simulateurs gratuits : Insee.fr, Clameur.fr, Notaires de France, ou encore le site de l’ADIL 13.

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