Verdon : Ce qui fait la force d’un parc naturel hors norme

5 juin 2025

Le Verdon, un écrin géologique unique en Europe

Le Verdon n’a pas volé son aura. Créé en 1997, ce parc naturel régional couvre aujourd’hui plus de 180 000 hectares à cheval entre les départements du Var et des Alpes-de-Haute-Provence (Parc du Verdon). Cœur battant : les célèbres gorges du Verdon, un canyon creusé par la rivière éponyme au fil de millions d’années, qui s’étire sur 25 kilomètres. Les falaises, atteignant jusqu’à 700 mètres de hauteur, posent un décor brut, presque vertigineux. C’est aujourd’hui le plus grand canyon d’Europe, et il attire à lui seul près de 1,2 million de visiteurs par an (Le Monde).

Moins connu : le parc couvre 46 communes, soit 40 000 habitants à l’année, et protège plus de 200 espèces animales. On y trouve par exemple près de 180 espèces d’oiseaux, la loutre d’Europe et même le rare lézard ocellé (source : Observatoire du Parc).

Paysages pluriels et sensations fortes

Impossible de résumer le Verdon à ses seules gorges. L’eau, omniprésente, façonne tout un patchwork de lacs, de rivières et de plateaux calcaires. Le lac de Sainte-Croix — troisième plus grand lac artificiel de France — concentre à lui seul les amoureux de voile, de kayak, d’aviron, ou tout simplement de farniente au bord de plages turquoise.

Mais ce sont aussi des plateaux agricoles comme celui de Valensole, véritable mer de lavande en juin-juillet, ou encore les prairies de la Palud. L’hiver, les montagnes du Haut-Verdon s’ouvrent aux randonneurs en raquette, aux grimpeurs aguerris ou aux skieurs, loin de la foule. Cette diversité géographique implique une palette d’activités impossible à égaler sur le territoire provençal.

  • Randonnée : plus de 1000 km de sentiers balisés, dont le célèbre sentier Blanc-Martel, 15 km à flanc de falaise.
  • Escalade : plus de 2 500 voies recensées, certains sites parmi les plus difficiles d’Europe.
  • Eau vive : rafting, canyoning, paddle ou baignade dans les eaux transparentes.
  • Vélo : itinéraires pour tous niveaux, le tour du lac de Sainte-Croix mais aussi les routes sinueuses du plateau de Valensole.

Difficile de trouver un autre parc régional français qui concentre autant d’activités "nature" toute l’année.

Un bastion de biodiversité et d’écologie

Biodiversité en chiffres : le Verdon abrite 2 200 espèces de plantes, soit près de 40% de la flore nationale, avec des plantes rares comme la lavande à feuilles étroites ou la tulipe sauvage. 34 espèces d’orchidées ont été recensées autour de Castellane, preuve de la richesse écologique du site (source : Conservatoire botanique national méditerranéen).

Côté faune, le parc se distingue par ses vautours fauves, réintroduits depuis les années 1990 après avoir totalement disparu. Aujourd’hui, une centaine de couples nichent dans les falaises, formant l’une des plus grandes colonies françaises hors Pyrénées. On note également la présence du Circaète Jean-le-Blanc et du faucon pèlerin.

  • Restauration écologique : Le parc a restauré plus de 500 hectares de forêts dégradées ces 20 dernières années.
  • Reconnexion des milieux aquatiques : plus de 30 kilomètres de rivières ont été restaurés pour permettre la libre circulation des poissons.
  • Gestion du pastoralisme : avec près de 20 000 ovins transhumants chaque été pour entretenir les espaces ouverts et limiter les incendies.

Avec plus de 80% de surfaces naturelles protégées et labellisées Natura 2000, le Verdon fait figure de modèle de gestion environnementale (Commission européenne).

Une mosaïque de villages et de patrimoines vivants

Le Verdon, c’est aussi une âme provençale préservée. Les villages de Moustiers-Sainte-Marie (classé parmi les plus beaux villages de France), d’Esparron-de-Verdon ou de Bauduen, ont su garder un patrimoine architectural qui échappe à la standardisation. Ici, pas de complexes balnéaires ou de grandes stations, mais des ruelles pentues, des fontaines, des marchés hebdomadaires colorés.

Anecdote historique : Moustiers doit sa réputation à ses faïences, produites dès le XVII siècle et encore façonnées à la main dans plusieurs ateliers visitables.

L’agriculture façonne aussi l’identité du lieu : cultures d’oliviers, d’amandiers, de céréales anciennes, apiculture et bien sûr la fameuse lavande, qui fait la renommée du plateau de Valensole et du musée de Quinson dédié à l’ethnobotanique locale.

Des manifestations qui forgent le lien social

  • Fête de la lavande à Valensole (plus de 20 000 visiteurs chaque été).
  • Festivités provençales à Aiguines et à Riez, marché potier, concerts localement ancrés.
  • Randos organisées, sorties découverte sur la faune, expositions temporaires à la Maison du Parc de Moustiers.

Ce tissu vivant n’est pas factice : 40 associations œuvrent pour l’animation culturelle et la préservation du patrimoine sur le territoire du parc (source : Communauté de Communes Alpes Provence Verdon).

Un laboratoire pour la transition écologique et touristique

Le Verdon anticipe les défis du tourisme de demain : loin du "tout-bagnole" et du tourisme de masse, le Parc a mis en place dès 2015 une navette écologique (la "Navette des Gorges") pour désengorger les parkings et réduire l’empreinte carbone pendant l’été. Plus de 30 000 visiteurs l’utilisent chaque année, un record pour un parc régional (France Bleu).

Des écolodges fleurissent, tandis qu’agritourisme et circuits courts se développent : 120 agriculteurs du parc sont labellisés pour la vente directe. L’objectif affiché du parc pour 2030 : 60% des touristes devront venir hors juillet-août, afin de limiter la surfréquentation qui menace déjà certains secteurs fragiles.

Autre enjeu traité en proximité : la gestion de l’eau. Alors que le lac de Sainte-Croix alimente plus de 1 million d’habitants du littoral varois, des programmes pilotes de culture résiliente à la sécheresse voient le jour sur le Plateau d’Albion et dans la vallée de l’Artuby.

Quelques chiffres clés à retenir

  • 180 000 hectares — 46 communes — 1 200 km².
  • 1,2 million de visiteurs annuels mais 40 000 habitants à l’année.
  • Plus de 200 espèces de vertébrés, 2200 espèces de plantes dont 34 d’orchidées sur une seule commune.
  • 2,5 millions de nuitées générées chaque année, soit l’équivalent d’une petite station balnéaire estivale du littoral (source : INSEE PACA).

Verdon : entre préservation et nouvelles perspectives

Le succès du Verdon cache des défis. Afflux touristique massif sur certaines périodes, pression sur les ressources hydriques, nécessité de préserver la faune fragile. Le Parc naturel régional du Verdon sert aujourd’hui de laboratoire pour un tourisme durable dans le contexte provençal. Il multiplie les initiatives pour concilier respect de l’environnement, développement du tissu local et accueil des visiteurs. À chaque saison, il offre un visage différent : paradis sportif l’été, havre sauvage l’hiver, écrin d’exploration botanique au printemps.

Face à la saturation d'autres hauts-lieux provençaux, il s’impose comme la destination où l’authenticité n’a pas été sacrifiée. Le Verdon n’est pas seulement un territoire à traverser : c’est un espace qui se vit, s’apprend, s’explore avec respect pour son exceptionnel patrimoine naturel et humain.

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