Marchés de Provence : les meilleurs rendez-vous pour savourer les spécialités d’ici

16 août 2025

Un concentré d’identité locale chaque semaine

Impossible de saisir la Provence sans arpenter ses marchés. Ici, pas de folklore surfait : les étals, de saison, sont le pouls de chaque village ou quartier. Selon la Chambre d’Agriculture des Bouches-du-Rhône, on compte près de 700 marchés hebdomadaires en Provence-Alpes-Côte d’Azur (source : Chambre d’Agriculture PACA). Certains datent du Moyen-Âge, d’autres sont nés dans les années 1960 avec le boom touristique. Pourtant, tous continuent d’être le théâtre d’échanges uniques entre producteurs et habitants. Parcourir un marché provençal, c’est s’offrir une leçon de territoire en temps réel, parmi l’ail violet, l’huile d’olive de la dernière presse, la tapenade ou encore le miel de garrigue.

Voici un guide engagé des marchés à privilégier pour remonter le fil des spécialités phares et faire vivre, à votre tour, un certain art de vivre provençal.

Les grands classiques, valeurs sûres pour découvrir les spécialités locales

Aix-en-Provence : la quintessence du terroir et du raffinement

Le marché d’Aix-en-Provence (mardi, jeudi, samedi), sur la Place Richelme et Place de la Mairie, est sans doute le plus emblématique : plus de 200 exposants chaque samedi, avec un mélange de producteurs agricoles historiques et de jeunes artisans. Ici, on goûte le fromage de Banon enveloppé dans la feuille de châtaignier, le nougat, les calissons, sans oublier les fruits confits de la Maison Léonard Parli, fondée en 1874.

  • Les plus : grande diversité de stands, qualité régulière, accès aisé depuis Marseille ou les villages alentours
  • Le moins : affluence (jusqu’à 10 000 visiteurs le samedi*)

Arles : traditions camarguaises et méditerranéennes

À Arles, le marché du samedi rue Emile-Combes, sur deux kilomètres d’étals, est presque une institution pour les spécialités camarguaises : riz IGP de Camargue, saucisson de taureau AOP, sel cru, poutargue. On y croise beaucoup de maraîchers bios, notamment des “manadiers” proposant directement leur viande.

  • Quoi chercher : olives lucques, anchoïade maison, tellines fraîches en saison
  • Focus : poivrons doux, épices rares, fromages de chèvre de la Crau

Selon le magazine Gault & Millau, c’est l’un des dix plus beaux marchés alimentaires de France (2021).

L’Isle-sur-la-Sorgue : marché sur l’eau et patrimoine végétal

Là où l’eau serpente entre les bras de la Sorgue, ce marché du dimanche matin défend les produits locaux mais aussi l’artisanat, les fleurs coupées et une sélection pointue de spécialités : fraises de Carpentras, fromages fermiers, huile d’olive AOC du Luberon.

  • À guetter : pains cuits au feu de bois, melons de Cavaillon en juillet-août
  • Particularité : édition “marché flottant” chaque premier dimanche d’août, où les vendeurs naviguent sur d’anciennes (barques traditionnelles)

Source : Provence Guide

Des marchés plus secrets, authenticité garantie

Forcalquier : le plateau des saveurs du lundi

En Haute-Provence, le marché de Forcalquier permet d’approcher une identité plus montagnarde : charcuterie du Ventoux, pain d’épeautre des collines, fromages de brebis, confitures de fruits rouges sauvages. Un tiers des exposants proposent des produits en bio ou en label agriculture raisonnée.

  • À ne pas rater : herbes sèches de la Montagne de Lure, bières artisanales, sirops de lavande
  • Conseil d’initié : arrivez tôt (avant 10h30), pour éviter la foule le lundi d’été

Le marché existe sans interruption depuis le XIIIe siècle, selon les archives municipales de Forcalquier.

Lauris : rencontre directe avec les producteurs du Luberon

Moins couru, le marché du samedi matin à Lauris (au pied du vieux château) favorise les circuits courts : légumes anciens, farines locales, fruits à noyau, œufs fermiers. Des dégustations d’huile d’olive ou de fromages y sont organisées ponctuellement, souvent en présence des familles productrices.

  • Ce qui le distingue : atmosphère paisible, rareté du “bio” strict
  • À rapporter : confitures d’amandes, pois chiches du Luberon, bouquets de lavande séchée

C’est l’un des marchés plébiscités par le Parc naturel régional du Luberon.

Les chiffres clés à connaître

  • 70 % des touristes en Provence déclarent avoir visité au moins un marché lors de leur séjour (source : CRT Provence-Alpes-Côte d’Azur, Enquête 2022)
  • 1 marché par tranche de 5 000 habitants en Provence, contre 1 pour 10 000 en Île-de-France (source : INSEE, Panorama des Marchés 2023)
  • 40 % des produits vendus sur les marchés provençaux sont cultivés ou transformés dans les 30 km autour (source : DRAAF PACA, 2023)

Des spécialités qui traversent les siècles

L’attrait des marchés provençaux ne tient pas qu’à la gastronomie : ils sont la scène de savoir-faire centenaires. Quelques exemples précis :

  • Santons d’Aubagne : les marchés de Noël provençaux proposent entre mi-novembre et janvier ces figures d’argile, encore réalisées artisanalement par une vingtaine d’ateliers. Source : Fédération des santonniers d’Aubagne.
  • Fougasse aux olives : omniprésente à Marseille, Salon ou Apt, la fougasse existe depuis le Moyen-Âge et chaque ville défend son interprétation (au saindoux, huile, herbes, gratinée…)
  • Miels et herbes aromatiques : la Provence produit 1 800 tonnes de miel par an, majoritairement lavande et garrigue, soit 13 % de la production nationale (source : Syndicat de l’Apiculture Provençale)
  • Poisson frais : les marchés côtiers, comme à Sanary-sur-Mer, proposent le matin du samedi poissons et coquillages issus de la pêche locale. Ici, les barques (et leurs “pointus” traditionnels) amarrées au quai font office d'étal à ciel ouvert.

Comprendre la saisonnalité pour mieux choisir son marché

Les saisons rythment tout en Provence. Pour profiter au mieux des marchés :

  • Printemps : asperges vertes de Pertuis, petits pois, agneau de Sisteron
  • Été : tomates anciennes, melons de Cavaillon, abricots du Gard, épices locales
  • Automne : champignons de Forêt d’Eygalières, figues, potirons, huile nouvelle
  • Hiver : truffe noire du Vaucluse, oignons doux, agrumes de la Côte d’Azur

Certains marchés varient leur offre ou ajoutent des stands saisonniers, notamment lors des foires à l’ail, à la truffe ou au miel.

À chaque marché son ambiance : critères pour choisir

  • Pour l’expérience authentique : privilégier les marchés de village du Luberon ou du Haut-Var, avec 20 à 50 stands en moyenne, peu de touristes hors été.
  • Pour le choix : se tourner vers les grands marchés urbains (Aix, Marseille, Avignon) qui cumulent jusqu’à 250 exposants.
  • Pour acheter en direct producteur : repérer la mention “Marché des producteurs” (APCA) ou “Bienvenue à la ferme”.
  • Pour des prix attractifs : les marchés du mardi ou vendredi, moins fréquentés, affichent souvent des tarifs plus accessibles que les rendez-vous du samedi.

À noter : la présence de labels officiels (bio, AOC, Label Rouge) est en forte hausse depuis 2020 – sur les 700 marchés régionaux, 310 proposent au moins un exposant labellisé (source : Bio Provence).

Prendre le temps, discuter, goûter : le vrai luxe des marchés provençaux

Les marchés de Provence sont avant tout des lieux vivants – ici, on prend le temps d’échanger sur la cuisson d’un fromage, la provenance du miel ou la meilleure recette de soupe au pistou. Certains exposants sont là depuis vingt, trente, quarante ans. On croise aussi de jeunes recrues, souvent en reconversion agricole, qui défendent le retour aux variétés anciennes ou non traitées.

Plus qu’un endroit pour “faire ses courses”, les marchés provençaux sont une école de la convivialité et de la transmission. Et chaque semaine, derrière les fruits, légumes et spécialités, c’est la Provence d’aujourd’hui qui continue de se réinventer, loin du décor figé des cartes postales.

D’ailleurs, ces marchés ne sont pas voués à disparaître : selon la Fédération Nationale des Marchés de France, la fréquentation augmente de 2 à 4 % chaque année depuis 2019, montrant bien que les marchés locaux séduisent toujours plus, en pleine quête d’authenticité.

À chacun de composer son parcours, d’un grand marché urbain à une halle éphémère de village, pour saisir la richesse de la Provence et revenir, panier chargé, avec un peu du soleil local à partager.

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