Itinéraires gourmands : les meilleures adresses pour savourer les rosés de Provence en PACA

Impossible de dissocier Provence et vin rosé : la région produit chaque année près de 150 millions de bouteilles, ce qui en fait le premier vignoble mondial pour ce type de vin, représentant plus de 40% de la production française selon les chiffres du Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence (CIVP). Le phénomène n’est pas nouveau, mais l’engouement, lui, ne fléchit pas : 43% des consommateurs de vin en France considèrent aujourd’hui le rosé comme une boisson « tendance » (source : baromètre Sopexa 2022).

Avec ses paysages vallonnés baignés de lumière, ses terroirs variés (calcaire, schiste, argile…) et un climat sec, chaud, baigné par le Mistral, la Provence offre au rosé une personnalité unique. Contrairement aux préjugés, le rosé n’est plus un vin de soif mais une mosaïque de saveurs qui s’apprécie autant en apéritif qu’à table.

En Provence, trois dénominations dominent la carte : Côtes de Provence, Coteaux d’Aix-en-Provence et Coteaux Varois en Provence. Chacune a ses spécificités, ses sols et ses points de dégustation emblématiques. Un séjour sur place permet de toucher du doigt cette diversité, car un rosé du littoral ne ressemble pas à un rosé issu des hauteurs varoises.

• Côtes de Provence : s’étendent de Saint-Raphaël à Bandol, dominés par des notes fraîches et fruitées, avec un socle important de domaines bio.
• Coteaux d’Aix-en-Provence : plus au nord-ouest, des vins souvent structurés, parfaits à marier avec la cuisine méditerranéenne.
• Coteaux Varois : terroir d’altitude, donnant des rosés très aromatiques, parfois plus subtils.

Ces trois AOC couvrent ensemble 27 000 hectares et plus de 600 domaines et caves coopératives (source : CIVP).

Le choix est vaste, mais certains domaines font figure de locomotives, tant pour la qualité de leurs vins que pour leur accueil, leur démarche œnotouristique, ou la beauté du site.

• Château d’Esclans (La Motte, Var) : Célèbre internationalement pour sa cuvée Whispering Angel, ce domaine est pionnier dans la valorisation du rosé haut de gamme, avec des visites guidées sur réservation. Château d’Esclans
• Château Sainte Roseline (Les Arcs-sur-Argens, Var) : Un cru classé de légende dans un écrin patrimonial alliant chapelle du XIe siècle, œuvres d’art modernes et dégustations commentées. Château Sainte Roseline
• Domaine Ott (Ramatuelle et Le Castellet, Var) : Trois propriétés aux profils très distincts, mais toutes menées dans une exigence de précision et d’expression du terroir. Attention, réservation fortement conseillée en saison. Domaine Ott
• Domaine Tempier (Bandol) : Plus connu pour ses rouges puissants, Tempier propose l’un des rosés d’appellation Bandol les plus raffinés. Dégustations sur place possibles avec prise de rendez-vous préalable. Domaine Tempier
• Commanderie de Peyrassol (Flassans-sur-Issole, Var) : Au cœur de 850 hectares dont 95 de vignes, on découvre ici aussi un parc de sculptures et des tables d’hôtes dédiées à la gastronomie locale. Commanderie de Peyrassol

À noter : les adresses confidentielles abondent aussi. De petits domaines en biodynamie comme Château de Roquefort (Roquefort-la-Bédoule) ou Domaine des Toques (Gignac-la-Nerthe) s’imposent progressivement chez les cavistes.

Passer la grille d'un grand château, c’est une chose ; partir en virée sur les routes sinueuses entre vignes et oliviers, c’en est une autre. Dans les Bouches-du-Rhône, le Var ou même les Alpes-Maritimes, plusieurs routes du vin se sont structurées pour séduire l’amateur comme le curieux.

Les circuits à privilégier

1. La Route des Vins de Provence, labellisée par l’office du tourisme régional, propose trois grands parcours (jusqu’à 350 km !) jalonnés de caves, domaines familiaux, petits marchés paysans et tables vigneronnes.
2. Les escapades en calèche ou à vélo dans le Luberon (comités de tourisme locaux), idéales pour goûter les rosés en pleine garrigue, loin de la foule.
3. Les journées « portes ouvertes » des domaines (notamment en mai-juin), ponctuées d’ateliers pour découvrir la « palette aromatique » du rosé de Provence, un événement annuel à consulter sur le site du CIVP.

Où boire un bon rosé en ville ?

• Les bars à vins de Marseille, comme Le Wine Bar (Panier) ou La Part des Anges (Vieux-Port), proposent de belles sélections de « petits vignerons » en rosé, souvent à prix doux.
• À Aix-en-Provence, L’Unic ou Au P’tit Quart d’Heure mêlent gastronomie classique et rosés locaux au verre.
• Nice n’est pas en reste, avec Les Agitateurs ou La Cave de la Tour, où l’on croise quelques flacons rares des collines de Bellet.

Certains restaurants – dont plusieurs étoilés Michelin, de Mirazur (Menton) à L’Oustau de Baumanière (Les Baux) – ont fait du rosé provençal un argument phare de leur carte, avec des millésimes à découvrir en accords parfaits.

Déguster sur place, c’est saisir la fraîcheur, la couleur (pâle, saumonée ou plus soutenue), le nez (petits fruits rouges, pêche, agrumes…), l’équilibre en bouche entre vivacité et rondeur. Un rosé provençal se distingue par sa légèreté aromatique mais une vraie capacité à accompagner un repas.

• A la couleur, ne vous fiez pas : une robe très pâle n’indique pas forcément un meilleur vin – c’est un effet de mode, particulièrement depuis les années 2010, boostée par l’export vers les États-Unis (source : Vitisphère).
• Les vignerons provençaux expérimentent : des élevages sur lies fines, des cuvées « terroir » et même quelques rosés de macération. Le marché des rosés de Provence premium a été multiplié par 5 en dix ans (selon La Revue du Vin de France).
• Lara Croft et le rosé ? Anecdote populaire : c’est sur la Côte d’Azur qu’Angelina Jolie et Brad Pitt ont popularisé récemment les cuvées du Château Miraval – valorisant toute l’appellation à l’international.

Aujourd’hui, on trouve de vrais rosés de gastronomie dans toute la Provence, qui rivalisent avec les crus blancs ou rouges sur la scène des accords mets-vins.

Succomber à l’appel du rosé provençal, c’est aussi s’initier à la culture locale. Quelques conseils utiles pour tirer le meilleur de son séjour :

• Pensez à réserver : Beaucoup de domaines n’ouvrent leurs portes qu’aux visiteurs inscrits, surtout en saison estivale.
• Évitez la surconsommation : Un verre dégusté dans l’ambiance du caveau prend toute sa dimension, mais l’abus nuit à l’appréciation.
• Favorisez les petits domaines : Les rencontres y sont souvent plus authentiques, et les découvertes, plus surprenantes.
• Respectez les vignerons et le terroir : Un vigneron n’est pas un simple animateur, mais un artisan ; la discrétion s’impose lors des visites.

Le tourisme du vin en PACA, c’est aussi la possibilité de combiner plages, marchés, visites de villages et haltes œnologiques. Un chiffre : la région PACA accueille plus de 1,3 million d’œnotouristes chaque année (source : Atout France).

L’engouement pour le rosé de Provence ne faiblit pas. Nouvelle génération de vignerons, percée du bio (près de 30% des surfaces aujourd’hui en agriculture biologique ou conversion, selon l’Agence Bio), rosés effervescents, amphores : la filière innove sans trahir son identité. Et la Provence reste un terrain de jeu inégalé pour les amoureux de saveurs et d’art de vivre.

Quelques pistes à surveiller : la montée en puissance des rosés de terroir dans le Var intérieur, l’essor des micro-cuvées, le succès du format « magnum » et l’influence croissante de la scène gastronomique locale sur l’offre de dégustation. Impossible d’épuiser le sujet en un seul séjour : chaque village, chaque caveau offre une nouvelle surprise à qui sait prendre le temps.

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