Parmi la trentaine de chefs étoilés que compte la région, certains marquent une rupture audacieuse avec les codes de la cuisine provençale traditionnelle. Leur force : réinventer les produits du terroir sans jamais les travestir.
1. Gérald Passedat, Le Petit Nice*** (Marseille)
Difficile d’évoquer la Provence sans citer Gérald Passedat. Ce natif de Marseille — trois étoiles Michelin depuis 2008 — fait rayonner la Méditerranée dans l’assiette. Ici, le poisson règne en maître, avec plus de 65 espèces différentes travaillées selon arrivage.
La bouillabaisse, signature locale, est ici déconstruite : Passedat décline ce classique en version dégustation, où chaque poisson est mis à l’honneur, sans lourdeur, avec des bouillons clairs et des accords inédits.
Son attachement au produit se retrouve dans ses relations avec les pêcheurs locaux, et sa démarche de valorisation des espèces peu connues ou menacées, comme la vieille ou la bogue. Un engagement couronné par son admission dans le classement des 50 World’s Best Restaurants dès 2017 (source : World’s 50 Best).
2. Glenn Viel, L’Oustau de Baumanière*** (Les Baux-de-Provence)
À seulement 44 ans, Glenn Viel est entré dans le cercle fermé des triple étoilés Michelin, à la tête de l’emblématique Oustau de Baumanière. Sa vision ? Installer la Provence dans la modernité : il allège les sauces, ose les associations inattendues, sublime les légumes du domaine.
Un exemple : son “agneau de pays confit” avec une tapenade nouvelle génération, ou ses desserts qui marient les plantes aromatiques du jardin à l’acidité des agrumes des Alpilles.
Viel s’appuie sur plus de 300 variétés de légumes cultivées sur place. Il collabore directement avec Jardins de Baumanière, permaculture en circuit court, garantissant fraîcheur et saisonnalité maximale (source : Oustau de Baumanière).
3. Dimitri Droisneau, La Villa Madie** (Cassis)
Moins médiatique, mais tout aussi influent, Dimitri Droisneau célèbre la Méditerranée dans son adresse de Cassis. Son parcours étoilé met l’accent sur les vins locaux — dont plus de 60 références de Bandol et Cassis à la carte — et sur une lecture quasi maritime du produit.
Ses plats signatures : le “loup de Méditerranée cuit à la braise, fenouil et zestes d’agrumes” ou encore les “ravioles de brousse, jus d’oursin”, vibrent de modernité. Droisneau défend une approche écoresponsable et privilégie l’achat direct auprès des pêcheurs du port de Cassis.
4. Nadia Sammut, La Fenière* (Cadenet)
Première cheffe étoilée gluten free de France, Nadia Sammut ne se limite pas à revisiter la Provence : elle la repense pour l’adapter à tous. Elle utilise pois chiches, légumes oubliés et huiles provençales, pour des assiettes vibrantes et modernes.
Son “houmous de lentilles blondes de Provence” ou sa “focaccia sans gluten aux herbes” illustrent cet engagement. La Fenière, premier restaurant étoilé sans gluten en France, attire un public venu de toute l’Europe. Sammut a ainsi largement contribué à l’image inclusive d’une Provence contemporaine et engagée (source : Le Figaro).