Les calanques de Marseille s'étendent sur un territoire d'environ 20 kilomètres entre Marseille et Cassis, abritant falaises abruptes, criques discrètes et eaux cristallines. Ce paysage spectaculaire n'est pas seulement un lieu de contemplation, c'est également un biotope unique en Méditerranée, une rareté qui a conduit à son classement comme parc national en 2012. En effet, ce site est le premier parc national périurbain d’Europe, mêlant à la fois espaces terrestres et marins dans un cadre protégé. Le classement au patrimoine naturel repose sur plusieurs critères qui attestent de la valeur exceptionnelle du site, tant d'un point de vue écologique que paysager. Le caractère fragile de cet écosystème, ainsi que son importance dans la conservation de certaines espèces rares et endémiques, sont au cœur de cette reconnaissance. Pour donner une idée de l’ampleur de ce patrimoine, les calanques couvrent près de 160 km2 en mer et 85 km2 sur terre (source : Parc National des Calanques). Une telle diversité sur une surface assez réduite est un phénomène rare dans le monde.
La biodiversité des calanques est tout simplement exceptionnelle. Ce site abrite plus de 140 espèces animales terrestres, comme le lézard ocellé et l’aigle de Bonelli, en danger critique d’extinction en France. Côté flore, on y recense environ 900 espèces végétales, dont plusieurs sont endémiques, comme l’alysson des calanques, une plante qui ne pousse nulle part ailleurs dans le monde. Le milieu marin, quant à lui, est tout aussi remarquable. Les eaux des calanques offrent un refuge à des écosystèmes fragiles, comme les prairies sous-marines de posidonies, essentielles à l’équilibre écologique de la Méditerranée. Ces herbiers sous-marins constituent l’un des principaux puits de carbone de cette mer et sont surnommés les « poumons de la Méditerranée ». En somme, les calanques jouent un rôle écologique majeur pour la région, mais cette biodiversité est soumise à de fortes pressions : tourisme, urbanisation, pollution marine… Preuve que leur classement n’est pas qu’un privilège, mais une responsabilité collective.
Ce qui rend les calanques encore plus uniques, c’est l’histoire géologique qu’elles racontent. Les falaises vertigineuses qui s'élèvent au-dessus de la mer sont formées de calcaire blanc, issu des sédiments déposés il y a plus de 120 millions d’années. Leur modelage au fil des millénaires par l’érosion des eaux et des vents a façonné ces paysages si caractéristiques, entre pics rocheux et grottes naturelles. Les grottes sous-marines des calanques, telles que la célèbre grotte Cosquer, ajoutent une dimension historique et culturelle importante. Découverte en 1985 par un plongeur, cette grotte contient des peintures rupestres vieilles de près de 27 000 ans, témoignant de la présence humaine préhistorique dans la région.
Aujourd’hui, les calanques sont classées pour leur panorama exceptionnel, mais également pour protéger leurs fragilités face aux menaces modernes. En effet, le tourisme de masse est un enjeu critique : chaque année, ce sont près de 3 millions de visiteurs qui parcourent le site, que ce soit pour randonner, pique-niquer ou se baigner. Une fréquentation aussi importante provoque une érosion des sentiers, des dépôts de déchets et des nuisances qui perturbent la faune locale. Le statut de parc national permet de réguler ces impacts grâce à des mesures strictes : Ces mesures visent à concilier présence humaine et préservation du patrimoine naturel. Sans ce statut, les calanques risqueraient de voir disparaître une partie de leur biodiversité unique en seulement quelques décennies.
Les calanques ne sont pas qu'un trésor naturel, elles incarnent également une partie de l’identité culturelle et paysagère de la Provence. Source d’émerveillement pour les locaux comme pour les touristes, elles inspirent régulièrement artistes et écrivains. Marcel Pagnol, par exemple, s'est souvent référé à cette nature sauvage et majestueuse dans ses récits. En tant que Provençaux, les calanques nous rappellent aussi cette dualité si propre à notre région : une richesse naturelle inestimable, mais fragile, que nous devons transmettre intacte aux générations futures. Sans ce travail de préservation, elles pourraient devenir une vitrine dégradée du tourisme non-maîtrisé.
Randonner dans les calanques aujourd’hui, c’est faire face à une immense responsabilité : celle de respecter un site qui nous dépasse par son histoire et sa richesse. Si vous les visitez, pensez à adopter des gestes simples mais essentiels : ne laissez aucun déchet, respectez les sentiers balisés et tenez compte des zones réglementées. Enfin, en tant que citoyens, souvenons-nous que la préservation des calanques ne repose pas que sur les institutions. Participer à des actions de nettoyage, soutenir des associations locales comme « Clean My Calanques » ou simplement éveiller les consciences autour de vous peut faire toute la différence. Les calanques, ce joyau de Marseille et de la Provence, méritent toute notre attention. Leur classement comme patrimoine naturel est une reconnaissance de leur valeur universelle, mais c’est aussi une invitation à repenser notre rapport à la nature et à agir pour sa sauvegarde.